Alabama song Gilles Leroy
Que dire de cet ouvrage qui a été un immense coup de cœur pour moi ? Comment faire une chronique d'un ouvrage si court sans pour autant vous gâcher les surprises qu'il contient ? Mais en même temps, il est impossible pour moi de ne pas parler de ces amants maudits, Scott Fitzgerald et sa muse Zelda.Tout d'abord, précisons que Alabama Song comporte à la fois des éléments véridiques mais d'autres sont issus de l'imaginaire de Gilles Leroy mêlant ainsi la fiction et la réalité. Cependant, cette part de fiction prend tout son sens et si on ne connait pas l'histoire de ce couple, il est impossible de distinguer le « vrai » du « faux ». C'est pourquoi, même si je l'ai classé dans la catégorie "Autobiographie", il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une autobiographie fictive.
Ce roman met brillamment en lumière plusieurs contrastes, le passage de l'amour à la haine, de la passion à la folie, du bonheur au désespoir. Il m'a fait penser au film Annette, dans lequel on retrouve également un couple en pleine gloire, véritable inspiration pour son époque mais qui se trouve rapidement confronté au revers de la médaille de la célébrité. Un couple qui est resté ensemble jusqu'au bout, malgré l'alcoolisme, les tromperies, la jalousie et la violence. La violence de réaliser que la personne aimée n'est pas celle que l'on croyait mais celle que l'on voulait bien voir. La violence de devoir passer de la lumière à l'ombre, du succès au déclin, de l'admiration aux critiques.
La plus grande force de Zelda est celle de rester fidèle à elle-même, coûte que coûte, au début par défi, ensuite parce que c'est tout ce qui lui reste. Dépourvue de tous ses droits, dépouillée de tous ses biens par son mari, il ne lui reste plus que son identité à laquelle elle s'accroche pour survivre.
Quant à son mari, connu pour être l'écrivain de Gatsby le Magnifique, il invite à s'interroger sur cette génération déchue, où tout n'est qu'hypocrisie et éphémère. Cet écrivain maudit, harassé par le désir d'être célèbre, sorte de revanche personnelle sur le milieu social dont il vient, passe au fil des pages du parfait amant au pervers narcissique. Pourtant, il ne devient pas subitement cet homme mauvais, Gilles Leroy nous laisse deviner qu'il a toujours eu un fond mauvais, qui certes a été aggravé par les ravages du succès. C'est au travers des yeux de Zelda que nous assistons à cette prise de conscience de qui est réellement l'homme derrière le célèbre écrivain.
Je vous conseille vraiment de lire cet ouvrage qui fait à peine 200 pages et qui se dévore rapidement de par ses courts chapitres saccadés, donnant un rythme haletant à la lecture. On veut connaitre l'issue de l'histoire, ce qu'il adviendra de Zelda et jusqu'où sa résilience la mènera.
Écrit par Valentine
Avez-vous lu ce livre ? Qu'en avez-vous pensé ?