La loi des hommes               Wendall Utroi

31/01/2022

Cet ouvrage a inauguré mon expérience en tant que jurée du Prix des Lecteurs organisé par le Livre de Poche, dans la catégorie « polar ». Attention, je ne vais pas passer par quatre chemins, c'est un roman qui m'a énormément plu.

Jacques, cantonnier dans le Nord de la France, se voit investi d'une sordide mission, celle de transférer un cadavre vers une fosse commune. Mais quelle n'est pas sa surprise en découvrant une petite boite en métal à l'intérieur de cette tombe rudimentaire. S'enchaîne alors une quête vers la vérité, la vérité de cet inspecteur anglais qui a couché ses mémoires sur le papier avant de mourir. Grâce à l'aide de sa fille qui va traduire petit à petit les propos de Wallace Hardwell, Jacques découvre une Angleterre, celle des années 1885 où la prostitution, le vol, les maladies, la misère - à la fois économique et humaine - font rage. Un scandale menace de faire flancher la Couronne, ce pourquoi notre inspecteur doit découvrir la vérité avant qu'elle soit connue de tous. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est qu'on ne sait pas initialement quel est ce scandale, l'inspecteur n'en a aucune idée non plus. On va le découvrir au fil des pages et des interrogatoires menés avec nos trois principaux suspects.

On a une alternance de récits entre le passé et le présent même si ce dernier sert surtout de prétexte pour qu'on découvre cette sordide histoire qui a eu lieu des siècles auparavant. C'est peut-être le seul petit point qui m'a dérangée : le fait que cette histoire n'ait finalement aucun impact sur le présent. Mais en même temps, les différents scénarii qui s'étaient forgés dans mon esprit auraient tous conduits à une sorte d'happy-ending. Or, justement cet happy-ending n'aurait pas été fidèle à la construction du roman. En effet, il n'est pas question d'offrir aux personnages une fin différente de celle à laquelle ils sont conditionnés. C'est un véritable tour de force qui s'opère : en tant que lecteurs, on s'attache à des personnages qu'on a tout d'abord trouvé détestables. Dans un premier temps, Timothy, Rebecca, Myrtle nous apparaissent comme des personnes sans morale, cupides, prêts à sacrifier les autres pour sauver leur propre peau. Mais au travers du regard de cet inspecteur, les choses apparaissent différemment, on prend compte de cette pauvreté qui dévore, qui ronge Londres, nuançant de fait nos idées préconçues. Finalement, ces rebuts de la société ne sont que des survivants dans une société décimée qui les a éprouvés, violentés, brisés. Survivre coûte que coûte en faisant fi de la morale.

Une chose est sûre, j'ai dévoré cet ouvrage - les courts chapitres incitant toujours à en lire « juste un dernier » -. Le fait que l'histoire soit racontée à la première personne permet d'être immergé dans cette société victorienne qui nous est dépeinte dans toute sa complexité. Même si le tristement célèbre nom de Jack l'Eventreur est à peine évoqué, cela m'a donné envie de lire d'autres romans qui en parlent, qui seront certainement tous aussi sombres.

Écrit par Valentine


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