L'amie prodigieuse - T3            Elena Ferrante

17/01/2022

Pas de résolutions prévues pour 2022... quoique celle de finir mes sagas en cours ça pourrait être pas mal quand même. Encore plus quand il s'agit de la saga d'Elena Ferrante dont on ne fait plus l'éloge.

Je m'étais arrêtée à la fin du deuxième tome où Lila a emménagé avec Enzo et son fils Gennaro, où Elena se dirige vers des fiançailles avec Pietro, sa carrière d'écrivaine sur le point de se lancer. Avec ce nouveau tome, on retrouve nos deux héroïnes dans un contexte socio-historique pré-1968 où les revendications féministes, étudiantes, communistes et protestataires font rage.

Le constat est le même pour les trois premiers tomes de cette saga, je trouve que c'est toujours un peu long de rentrer dedans mais une fois lancée, je n'arrive plus à m'arrêter. Ayant enchaîné presque 400 pages d'une seule traite, je pense pouvoir dire que ce tome a été mon préféré ne serait-ce que pour la complexité des relations humaines qui y sont dépeintes. On peut commencer par le lien fort qui unit Lila et Elena malgré leur âge grandissant, malgré leurs différences de plus en plus flagrantes. Qui inspire qui ? Si au premier tome, on répondait immédiatement que Lila était le modèle d'Elena, quid à présent ? La réussite sociale et dans une moindre mesure littéraire d'Elena ne sont-elles l'incarnation de ce à quoi Lila a toujours rêvé ? Ou plutôt, ce à quoi aspiraient tous les jeunes de leur quartier ? Je trouve particulièrement intéressant de constater l'évolution d'Elena qui était peut-être la plus discrète et réservée en étant gamine et qui devient celle qu'on admire, qu'on jalouse secrètement. Elle est bien la preuve qu'on peut réussir à se sortir de la pauvreté et de la misère du quartier où ils ont tous grandi ensemble. Mais pour autant, cela ne semble pas être aussi clair que cela pour Elena puisqu'elle n'a de cesse de penser à son enfance, à ceux qu'elle a laissé là-bas, parfois par mélancolie, nostalgie, parfois par regret. En réalité, aucun des personnages ne parviendra jamais à couper définitivement les liens avec cette enfance violente, tragique et jonchée de drames profondément humains.

Le contexte socio-historique a joué dans mon avis sur cette lecture puisqu'il s'est révélé très enrichissant pour moi qui connaissait surtout le poids de l'année charnière qu'a été 1968 en France. J'avais conscience qu'au-delà d'un mouvement national, il dépassait les frontières européennes, mais j'avais peu de connaissances sur son importance en Italie. Les questions de l'émancipation de la femme, des droits dans le monde du travail sont au cœur de ce roman, tout comme la négation de tout ce qui constitue une norme : le mariage religieux, avoir des enfants, la fidélité au sein du couple.

J'ai également été sensible à la relation entre Elena et Nino puisque justement cela permet de ne pas centrer toute l'intrigue sur les liens viscéraux qui unissent Elena et Lila. Nino fait partie de ces personnages qu'on a pu voir grandir mais surtout l'affirmation de ses convictions, déjà très présentes dès son plus jeune âge. Loin de moi l'idée de vouloir vous spoiler, alors je me contenterai de dire que cette relation est inattendue, imprévisible et contraire à toute morale. Le fait qu'Elena s'échappe du carcan qu'elle s'est imposée et ne cherche plus à être cette femme parfaite qui agirait comme on l'attend.

Il me tarde de conclure cette saga et de voir si la magie des mots de l'autrice opère dans ce dernier tome.

Écrit par Valentine


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