Le bal des folles               Victoria Mas

26/02/2022

Peut-être parce que je suis encore très très jeune, j'aime beaucoup les livres primés par le Goncourt des lycéens. Par exemple, j'ai adoré en 1995 « Le testament français » de Andreï Makine, en 2000, « Allah n'est pas obligé » de Ahmadou Kourouma, en 2002 « La mort du roi Tsongor » de l'excellent Laurent Gaudé (j'adore cet auteur), en 2012 « La vérité sur l'affaire Harry Québert » de Joël Dicker, en 2013 « Le quatrième mur » de Sorj Chalandon (j'aime beaucoup), en 2016 « Petit pays » de Gaël Faye, en 2017 « L'art de perdre » d'Alice Zeniter (je conseille vivement), en 2020 « Les impatientes » de Djaïli Amadou Amal.

Je n'avais cependant pas encore lu de Renaudot des Lycéens, c'est chose faite avec « Le bal des folles » primé en 2019.

Au 19e siècle, à la Salpêtrière, il existait une étrange coutume : le bal des folles. Petit rappel, avant d'être l'hôpital actuel, ce fut d'abord, au milieu du 17e siècle, un refuge pour les pauvres, puis une prison pour femmes « débauchées » à la fin du 17e, et progressivement vers la fin du 18e, un hôpital pour femmes malades, essentiellement atteintes de maladies neurologiques.

Le livre se déroule en 1885, et nous y découvrons ce qu'est une folle à cette époque : elle peut être, une femme atteinte de troubles psychologiques bien sûr, elle peut aussi être une femme qui a eu le tort de tuer son proxénète (comme Thérèse), mais aussi une fille atteinte d'épilepsie suite à un viol par son oncle (Louise), une femme à qui on vole son héritage de cette façon... en fait toute femme qui gêne d'une façon ou d'une autre l'ordre établi par les hommes. Nous sommes là à une époque où la société était encore plus patriarcale qu'aujourd'hui.

Nous découvrons dans le livre que si les femmes n'entraient pas toujours avec des troubles dans cette institution, confiées aux bons soins du docteur Jean Martin Charcot, elles en acquièrent rapidement, après avoir subies des gestes « de soin » : pression sur les ovaires, introduction de fer chaud dans le vagin et bien d'autres tortures.

Durant le bal des folles, une fois par an, les patientes se déguisent en marquises, en gitanes... et se mélangent avec la bonne société parisienne, voyeuriste, triée sur le volet, venue s'encanailler. Comme pour « la perle et la coquille » de Nadia Hashimi (l'une de mes précédentes chroniques), nous constatons une complicité, voulue ou imposée, des femmes. Dans le roman, l'autrice parle surtout des préparatifs, de l'excitation que cela produit sur tout l'hôpital, mais le bal n'est que traité rapidement car à ce moment de l'histoire ce n'est plus le sujet.

Qu'ai-je pensé de ce roman ? Un sentiment mitigé, je m'explique :

Tout d'abord génial, magnifique plaidoyer pour la condition féminine si malmenée depuis plusieurs siècles. Elles sont bafouées, humiliées, objets de recherche, objets de plaisir... Sur le fond historique, le peu de place laissé aux femmes est avéré. La vie à la Salpêtrière n'est que décrite succinctement mais c'est suffisant pour qu'on s'en fasse une idée. L'écriture, malgré quelques longueurs, est fluide. Rappelons ici que ce un premier roman a reçu plusieurs prix.

Cependant le pouvoir de médium de Eugénie m'a énormément dérangé, pour moi il n'apporte rien à l'histoire, à part, la naissance de sa relation avec Geneviève. Je pense, que Victoria Mas aurait pu trouver une autre pirouette pour les mettre en relation. Au contraire, dans mon cas, il a discrédité le reste du livre et c'est dommage. Je vous laisse vous faire votre propre opinion et n'hésitez pas à me faire part de votre sentiment.

Écrit par le Daddy


Avez-vous lu ce livre ? Qu'en avez vous pensé ?

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