Rien ne s'oppose à la nuit Delphine de Vigan
Par un bel hasard des choses, ma cousine a mis ce livre entre mes mains. J'avais déjà prévu de me laisser tenter par la plume de Delphine de Vigan mais je n'avais pas encore eu l'occasion de me procurer l'un de ses ouvrages. J'ai donc profité d'un week-end dans le sud pour me plonger dans cette lecture qui m'a particulièrement touchée.
Au travers de ce récit autobiographique, Delphine de Vigan part à la recherche de la vérité, de réponses sur qui était réellement sa mère. Une fille trop tôt marquée par les évènements dramatiques survenus dans sa famille (l'accident mortel de son petit frère Antonin, la mort dramatique de son frère adoptif Jean-Marc, le suicide de son autre frère Milo...) ? Une femme malade, atteinte de bipolarité menant à de violentes crises de colère et de démence, puis d'un cancer du poumon ? Ou bien une mère complètement perdue dans ce rôle qu'elle doit assumer, tout en ne parvenant pas à gérer sa propre vie ?
En réalité, Lucile est tout à la fois et ces différentes facettes de sa personnalité nous sont dépeintes petit à petit. On est immergés dans l'intime de la famille de Delphine, on découvre une farandole de personnages, ses nombreux oncles et tantes - les frères et sœurs de Lucile - hauts en couleur mais surtout en émotions. La première partie tourne autour de l'enfance de Lucile, des premiers drames auxquels elle a dû se confronter et traite des relations qui unissent cette fratrie. On comprend alors que Lucile a toujours été un mystère pour ses proches, discrète, mature, perspicace, taiseuse. Au fil du roman, Lucile grandit, se marie et donne naissance à ses deux filles : Delphine et Manon. Mais petit à petit, elle sombre de plus en plus dans cette démence, obligeant sa famille à l'interner à de nombreuses reprises. Elle alterne ces crises de folies et une vie « normale » où elle reprend ses études, rend visite à ses filles et découvre ses petits-enfants. La dernière partie restera la plus marquante, puisque l'autrice nous fait part de ses peurs face au cancer de sa mère et elle semble passer d'une colère froide à une sorte d'apaisement face à son propre passé et au rôle joué par Lucile. Ce livre, initialement conçu comme un « cercueil de papier » pour sa mère, devient un hommage à cette femme pleine de mystères et de secrets.
Les pages défilent, ma gorge se noue et j'en viens à m'interroger sur les difficultés du rôle de mère et des traumatismes liés à l'enfance qui se répercutent plus tard, une fois atteint l'âge adulte. La plume si poétique et en même temps si crue de l'autrice m'a conquise et fait de ce livre un véritable coup de cœur.
Écrit par Valentine
Avez-vous lu ce livre ? Qu'en avez-vous pensé ?